Nakivale (Ouganda) : poison, arme politique au camp de réfugiés burundais

Nakivale (Ouganda) : poison, arme politique au camp de réfugiés burundais

Depuis quelque temps, l’empoisonnement est devenu un moyen de se débarrasser des opposants au régime burundais installés dans le camp de réfugiés de Nakivale en Ouganda. Plusieurs réfugiés en sont victimes. Des occupants dudit camp craignent une justice populaire. (SOS Médias Burundi)

C’est une pratique qui a commencé à inquiéter depuis Août dernier. D’abord quelques cas ont été dénoncés dans les villages de Kabazana, Kashojwa et Nyarugugu selon des réfugiés.

Dans ces villages cohabitent des communautés en provenance du Burundi, de la RDC et du Sud Soudan.

À en croire les réfugiés, depuis qu’il y a eu opposition au mouvement de rapatriement volontaire dans le camp de Nakivale en octobre dernier, le phénomène d’empoisonnement a pris une ampleur très inquiétante. « Nous avons fini par comprendre que c’est une arme choisie par le gouvernement burundais », affirment des réfugiés.

Les auteurs de ces actes d’empoisonnement seraient des “réfugiés” qui le font pour le compte du pouvoir de Gitega qui veut “éliminer les Tutsis et  les opposants” selon le témoignage que nous détenons de la part de celui qui fait partie du groupe chargé d’empoisonner des opposants mais qui s’est reconverti. “ Nos cibles sont des défenseurs des droits humains, des journalistes, des opposants ou toute personne qui milite pour le respect des accords d’Arusha ainsi que quiconque ne veut pas rentrer volontairement au Burundi. Nous avons choisi une sorte de poison qui tue lentement », a-t-il confié.

Le poison a déjà fait plusieurs victimes, selon des réfugiés qui ont témoigné à SOS Médias Burundi. Toutefois, ils n’ont pas été à mesure d’en déterminer le nombre exact. “Aujourd’hui je ne peux pas manger n’importe où ou sortir avec n’importe qui. La méfiance s’est déjà installée à tel point que même les parents donnent des directives à leurs enfants de ne pas manger chez un voisin. Quand il y a une petite fête, des gens arrivent à refuser de manger les plats servis”, affirment des Burundais de Nakivale.

Les individus qui soupçonnent d’avoir été empoisonnés ou qui le sont réellement préfèrent se confier aux tradi-praticiens au lieu d’aller se faire soigner dans des structures de soins.

Les leaders communautaires craignent des cas de justice populaire et demandent à la communauté burundaise de Nakivale estimée à plus de 41000 réfugiés de saisir l’administration chaque fois qu’il y a des soupçons.

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Photo : une pancarte à l’entrée du camp de Nakivale

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